En passant dans la rue des fleurs pour regarder le jasmin et la glycine, voire pour en marauder encore une fois quelques fleurs, apercevoir un seringa en fleurs. S’arrêter brusquement et aller en couper deux branchettes qu’on mettra dans un petit vase en verre épais.
Poster un courrier dans lequel on a versé un peu de fleurs de lavande.
Rire de soi-même un bon moment.
Aller déjeuner à Aix en Provence, aux Deux Garçons, en terrasse puis flâner sur le Cours Mirabeau après avoir fait un saut au Monoprix où on trouve des chaussettes Bleu Forêt en fil d’Ecosse.
Terminer la lecture de Dans la forêt, de Jean Hegland, et commencer Vie de ma voisine, de Geneviève Brisac.
Ecouter la Passion selon St Matthieu de Bach.
Au moment de préparer la salade, aller couper du basilic et de la coriandre dans la petite jardinière posée sur le rebord de la fenêtre.
Croiser l’infirmière qui s’était occupée de Maman. Sans qu’il soit nécessaire de se dire un mot, tomber dans les bras l’une de l’autre et se serrer très fort. Se sourire et se faire un signe de la main avant de reprendre chacune son chemin.
Aller jusqu’au fort Balaguier lire et interrompre sa lecture le temps qu’un paquebot passe pour aller vers le large.
Ecrire six pages.
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Moisson.
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La lumière de Camoin.
Un matin, c’est dit, on se prépare vite et on part à Aix en Provence, visiter au Musée Granet l’exposition Camoin dans sa lumière.
On connait bien ce peintre, et on prend plaisir à revoir des toiles venues de musées où on est allé déjà leur rendre visite.
On s’émeut des lettres de Matisse et de Camoin qu’on prend le temps de lire.
On fait aussi connaissance avec d’autres tableaux, entr’aperçus dans les pages d’un livre. Jeune Napolitaine, de 1906, car on aime le fauvisme et on trouve si beau ces couleurs toutes ensembles (blanc, jaune, bleu, rouge, vert, rose). Coucher de soleil à St Tropez, de 1904, car on aime aussi rester les pieds dans l’eau. Lola sur la terrasse, 1920, car on aime être sur une terrasse, en plein soleil, en plein hiver, avec pour horizon la mer et le ciel qui se partagent plusieurs nuances de bleus. On recopie d’ailleurs sur le petit carnet qu’on a toujours dans le sac quelques lignes de Colette, à propos du bleu de Camoin :« Le bleu fondamental déserte rarement sa mer originelle. Il se réfugie dans une crique claire, élabore le violent en exploitant un fond d’algues roses, plante une crête translucide, bleue malgré tout, sur une vague, plaque sous une trouée de nuage un éclatant métal…." (1945).